D'abord, mille excuses pour mon manque total de discipline sur ce blogue. Parfois, nos horaires bien irréguliers rendent quelque peu difficile la tâche d'écriture assidue... C'est donc un arrêt forcé à la capitale qui me permet aujourd'hui de prendre du temps pour écrire quelques lignes.
Premièrement, sur le plan personnel...j'ai décidé de prolonger mon séjour ici. Mon contrat se terminera donc finalement au moins en février, mais fort probablement en mars. Il reste encore quelques détails logistiques à vérifier pour l'officialiser. Le temps ici passe beaucoup trop vite, et comme je n'ai pas encore de plan précis pour la suite, j'ai pensé qu'il valait la peine de vivre l'expérience jusqu'au bout.
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Un des thèmes qui a occupé beaucoup notre attention dans la région au cours des dernières semaines a été l'enquête de la Commission nationale extraordinaire pour la transparence sur les cas controversés des licences pour l'exploitation cimentière à San Juan Sacatepéquez, dans la région de la capitale, et minière à San Miguel Ixtahuacán et à Sipacapa, dans le département de San Marcos. Pour répondre au taux particulièrement élevé de conflictualité dans les communautés concernées par ces projets, la Commission de transparence avait comme mandat d'étudier ces cas pour ensuite fournir ses conclusions et recommandations.
L'enquête a débuté par une série d'audiences publiques dans la capitale. Dans le cas de la Mine Marlin, dans le département de San Marcos, les audiences se sont déroulées sur trois jours. Se sont succédés les organisations civiles en opposition et en faveur du projet, les Ministères de l'énergie et des mines ainsi que de l'environnement et des ressources naturelles et l'entreprise en question, Montana Exploradora, une subsidiaire de la compagnie canadienne GoldCorp afin de répondre aux questions de la Commission. Celle-ci a, par la suite, visité quelques unes des communautés les plus affectées par le projet minier. Une tournée éclair des maisons fissurées et des gens souffrant de maladies de peau a donc été effectuée par les membres de la Commission. De plus, une rencontre avait été organisée pour permettre aux membres de ces communautés de s'exprimer sur la question. Beaucoup des commentaires alors entendus faisaient référence au niveau de conflictualité sociale élevé découlant du débat sur la présence de la mine. La journée s'était terminée par la visite de la mine. Bien entendu, nous avons dû patienter à l'extérieur avec la grande majorité des personnes présentes. La ballade en pick-up nous avait toutefois permis de voir l'étendue de cette construction à ciel ouvert.
Il ne nous restait plus qu'à attendre le rapport de la Commission. Celui-ci fut remis officiellement au président du Congrès vendredi le 23 octobre. Je n'ai pas encore eu la chance de lire le rapport au complet... Toutefois, nous avons assisté à sa présentation par la présidente de la Commission, la députée Rosa María Ángel Madrid de Frade. Essentiellement, le rapport recommande que des études indépendantes soient effectuées pour connaître la quantité réelle d'eau utilisée par la mine, les dangers environnementaux reliés à l'usage de produits chimiques, le lien entre la présence de la mine et les maladies de peau des habitants des communautés ainsi qu'avec les maisons fissurées, etc. Au premier abord, la responsabilité de la mine n'est jamais mentionnée. Il faudra attendre que des experts indépendants se prononcent éventuellement sur ces questions... J'ai donc peur que les espoirs d'une partie importante de la population de San Miguel Ixtahuacán soient, du moins, quelque peu déçus…
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Mon séjour dans une des communautés particulièrement affectées par le conflit armé interne, dans les années 1980, dans le département de Huehuetenango se situe, quant à lui, dans un tout autre registre. En effet, ce fut pour moi l’occasion d’en apprendre (beaucoup!) sur la récolte du maïs, de découvrir qu’il est commun et efficace de chasser les oiseaux avec une sarbacane et de faire rire de moi en essayant de prononcer quelques mots en Chu’j. J’ai aussi pu expérimenter une de mes plus grandes peurs… les temps libres. En effet, notre travail dans cette communauté est surtout concentré autour des trois repas de la journée (caractéristique qui ne me déplait pas non plus…) ce qui nous laisse tout de même beaucoup de temps libres entre chacun de ceux-ci. J’en ai profité pour développer un système pour me laver avec mes vêtements dans le ruisseau, lire, lire, lire et explorer les champs de maïs. Il fallu aussi s’adapter à un tout autre rythme de vie. Un genre de décalage horaire qui nous pousse à vivre avec le soleil. Ceci signifie dodo à 19h30… ce qui ne m’était sûrement pas arrivé depuis une bonne vingtaine d’années. Ce fut aussi quelques discussions super intéressantes dans les familles que nous visitons. J’ai donc bien hâte d’y retourner, malgré le long chemin qu’il faut emprunter pour s’y rendre…
Elyse
J'ai un merveilleux PDF qui s'intitule : Breaching Indigenous Law : Canadian Mining in Guatemala, où le projet Marlin est expliqué de long en large en contexte. Very interesting indeed.
RépondreSupprimerEt GoldCorp a déjà été condamné par le Honduras en 2007 pour avoir pollué à l'arsenic et au cyanure toute la région attenante à son projet de mine à ciel ouvert..
Je pense qu'on peut dire sans aucun doute qu'il faut pas douter de leurs bonnes intentions.
Isababa
Je reviens du Chiapas où un groupe de gens occupent depuis un bon moment le parvis de l'église de San Cristobal de las casas (campement de réfugiés), dans le but de dénoncer les actions des compagnies minières canadiennes et l'assassinat récent de l'un des leurs...
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